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La lecture de cet essai peut nous fournir au moins une sorte de consolation, à une époque où les passions identitaires et religieuses menacent de plonger une nouvelle fois l'humanité dans le désastre. Russell passe au scalpel de son ironie les préjugés religieux, philosophiques, nationalistes et politiques du passé et du présent.
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Le cheminement du désir n'est point rectiligne. Il emprunte des tangentes, il esquisse des triangles, il s'enfonce dans des cercles vicieux. Dans les essais réunis ici par Mark Anspach et présentés pour la première fois en France, René Girard montre que les plus grands écrivains sont des géomètres du désir.
Chez Chrétien de Troyes, Dante, Racine ou Marivaux, le jeu de l'amour ne doit rien au hasard mais obéit à des lois implacables qui s'éclairent à la lumière de l'hypothèse mimétique. -
Chomsky, rationaliste et innéiste, ravive, contre l'empirisme ou le constructivisme, des traditions que l'on peut faire remonter à Platon et à Descartes ; il aborde l'éducation avec un riche appareil conceptuel qui nous invite à penser de manière profondément originale ce que signifie enseigner ou apprendre, et comment il convient d'aborder ces pratiques. Partant de là, Chomsky, a établi un important dialogue critique avec les deux plus illustres représentants des traditions empiriste et constructiviste en éducation au xxe siècle, B. F. Skinner et Jean Piaget avançant, très modestement et sans dogmatisme, des pistes de réflexion sur la manière dont l'enseignement devrait être conçu.
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Le 29 septembre 2008, à l'orée d'une crise financière et bancaire majeure, le philosophe américain Michael Walzer publiait dans la revue qu'il a fondée, Dissent, un article important, intitulé : « Une note sur l'avidité : qui est réellement responsable de la crise financière ? » L'argument de Walzer était simple, mais dévastateur : les politiques qui critiquent l'avidité des banquiers sont hypocrites, car c'est sur l'avidité que repose l'ensemble de notre système économique libéral, et cela dès ses fondements, qui remontent au XIXe siècle. Quand la recherche du profit maximal est le seul dogme, le résultat ne peut qu'être le chaos. C'est pourquoi, à la « main invisible » du marché, Walzer préfère la « main visible » de l'État. Infatigable pourfendeur de la pensée libérale, Walzer prolonge et affine son analyse dans un autre article : « Qu'est-ce que « la Société Idéale » ? » Pour lui, le marché et la démocratie parlementaire ne sont pas les seuls modèles de société valables, car le monde n'est pas fait d'agents libres et autonomes, mais de communautés. Ces communautés inventent constamment de nouvelles organisations économiques et sociales. Plus encore : une société est d'autant meilleure qu'elle est faite de davantage de contrastes, qu'elle est plurielle. Aux États-Unis, Walzer est le maître à penser de l'école des « communautariens », qui s'opposent aux libéraux : on achèvera ce parcours de sa pensée par un article dense et important, « Exclusion, injustice et démocratie », dans lequel il défend l'idée qu'il faut passer aujourd'hui d'une logique de compétition et d'exclusion, à un dynamique sociale d'« inclusion » des communautés. Ces trois articles qu'on lira dans l'ordre, du plus incisif au plus théorique, offrent un nouveau visage à la pensée de gauche.
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Cet essai sur les courses de taureaux entend "penser" tout à la fois la corrida et notre comportement vis-à-vis du monde animal à la lumière de la pensée philosophique et de l'éthique. Démontant les arguments des écologistes et des animalistes, il démontre qu'on ne saurait, sans tomber dans un anthropomorphisme dépassé, mettre sur le même plan la conscience humaine et la condition animale.
Le prétexte à cette réflexion est le débat parlementaire au sein du gouvernement autonome de Catalogne sur les corridas, qui a abouti à leur interdiction sur tout le territoire catalan.
Il dénonce, à ce sujet, la collusion entre le politique et l'animalisme, et pose, en philosophe, le problème de notre attitude morale envers les animaux.
Avec science et aussi beaucoup de verve et d'humour, Fernando Savater nous livre ici un essai à la fois savant et savoureux qui, dans une époque de fluctuation, voire de confusion des valeurs, ne manquera pas d'avoir un sérieux impact, sans nuire à notre plaisir de lire. -
Les routes de l'Inde est un roman d'aventures au quotidien. Les aventures de l'esprit et de la chair survenues de 1928 à 1931, à Calcutta, à un jeune Roumain venu y étudier le sanskrit et la philosophie indienne. S'il ne néglige pas son travail, il ne dédaigne pas non plus les plaisirs. Il raconte ses amours et celles de ses amis, expose des pensées contradictoires avec une sincérité qui exclut la pudeur.
Des notes de journal telles qu'elles se présentaient alors sous sa plume. Fruit d'un contact avec l'Inde (1928-1931) et de ses séjours dans les monastères himalayens, Les routes de l'Inde est un précieux témoignage sur cet extraordinaire berceau de la civilisation et de la spiritualité orientales. Peu d'écrivains européens ont connu comme Eliade la pensée et la poésie indiennes.
Ce livre retrace son initiation à la civilisation indienne dans son sens le plus profond. L'évocation de la femme indienne et ses entretiens avec Tagore transmettent ses sensations les plus personnelles.