Islande, 1963. Hekla, vingt et un ans, quitte la ferme de ses parents et prend le car pour Reykjavík. Il est temps d'accomplir son destin: elle sera écrivain. Sauf qu'à la capitale, on la verrait plutôt briguer le titre de Miss Islande. Avec son prénom de volcan, Hekla bouillonne d'énergie créatrice, entraînant avec elle Ísey, l'amie d'enfance qui s'évade par les mots - ceux qu'on dit et ceux qu'on ne dit pas -, et son cher Jón John, qui rêve de stylisme entre deux campagnes de pêche... Miss Islande est le roman, magnétique et insolent, de ces pionniers qui ne tiennent pas dans les cases. Un magnifique éloge de la liberté, de la création et de l'accomplissement.
Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljótur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit, et l'aura mise innocemment enceinte. En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile.
Ils sont sur l'autoroute, chacun perdu dans ses pensées. La vie défile, scandée par les infos, les faits divers, les slogans, toutes ces histoires qu'on se raconte - la vie d'aujourd'hui, souvent cruelle, parfois drôle, avec ses faux gagnants et ses vrais loosers. Frédéric, lanceur d'alerte devenu conducteur de poids lourds, Catherine, qui voudrait gérer sa vie comme une multinationale du CAC 40, l'écrivain sans lecteurs en partance pour « Ailleurs », ou encore Sylvain, interdit bancaire en route pour Disneyland avec son fils... Leurs destins vont immanquablement finir par se croiser. Un roman caustique qui dénonce, dans un style percutant à l'humour ravageur, toutes les dérives de notre société, ses inepties, ses travers, ses banqueroutes. Et qui vise juste - une colère salutaire, comme un direct au coeur.
« Elle » fait bon vivre en Égalie. La présidente Rut Brame travaille nuit et jour à la bonne marche de l'État, quand son époux Kristoffer veille avec amour sur leur foyer. Il y règne d'ailleurs une effervescence toute particulière : à quinze ans, leur fils Pétronius s'apprête à faire son entrée dans le monde. Car voici enfin venu le bal des débutants. Mais l'adolescent, grand et maigre, loin des critères de beauté, s'insurge contre sa condition d'homme-objet. Dans l'impossibilité de prendre son indépendance, il crée presque malgré lui un mouvement qui s'apprête à renverser le pouvoir matriarcal en place. L'avenir de la cité radieuse est amené à changer... pour le meilleur et pour le pire. Avec Les Filles d'Égalie, Gerd Brantenberg signe une utopie féministe et résolument provocatrice. Elle renverse littéralement les codes de la société patriarcale : les femmes ont tous les pouvoirs, et la langue s'en ressent. Le féminin, omniprésent, l'emporte systématiquement sur le masculin, faisant apparaître de nouveaux mots qui soulignent avec une ironie mordante l'oppression invisible qui règne sur les femmes d'aujourd'hui. Brûlant d'actualité et débordant d'humour, Les Filles d'Égalie, le grand roman féministe norvégien du XXe siècle.
Certains disent qu'il ne se passe jamais rien dans ce petit village des Pyrénées espagnoles. Et pourtant... À la veille de la guerre civile, Ramón et Alba tombent follement amoureux. Un amour impossible, interdit : jamais le plus pauvre des bergers n'obtiendra la main de l'héritière de la plus riche famille. Mais Ramón jure de rassembler le montant de la dot, et se fait contrebandier. Il devient Desesperado, l'homme du peuple qui se dresse contre les puissants. Bientôt, des deux côtés de la montagne résonne l'écho de ses exploits. Puis de sa soif de vengeance. Conte populaire et fable politique, Du givre sur les épaules est une épopée brute comme un sentier scintillant dans la nuit, un petit chef-d'oeuvre de suspense. « Un texte magnifique digne des plus belles tragédies antiques. » La Croix
À travers les combats kurde et ukrainien, Gérard Chaliand nous rappelle avec une force de conviction exemplaire qu'avant de devenir un privilège, « la liberté est un choix, une exigence et un combat ». Sa lucidité, fondée sur l'expérience du terrain et l'analyse, est indissociable d'une éthique sans faille : il nous exhorte à la prise de conscience et au courage face à la démission de chacun et au lâche opportunisme des élites.
Leyla, Shabaneh et Rodja se sont rencontrées sur les bancs de l'université à Téhéran. Soudées par un lien indéfectible, elles s'efforcent, envers et contre tout, de mener une vie libre. Leyla s'est mariée avec Misagh et a débuté une carrière de journaliste. Shabaneh est habitée par ses lectures et les souvenirs de la guerre. Rodja vient d'être acceptée en doctorat à Toulouse - il ne lui manque plus que son visa. Mais cet équilibre fragile vacille quand Misagh part seul pour le Canada. En un été et un automne, entre espoirs et déconvenues, toutes trois affrontent leurs contradictions. Suffit-il de partir pour être libre ? L'automne est la dernière saison est le reflet sensible et bouleversant de la société iranienne d'aujourd'hui. Une histoire prodigieuse et universelle d'amour et d'amitié.
Économie libérale, néolibéralisme, libre échange, libre marché... Alain Deneault dénonce le « coup d'État conceptuel » qui a envahi tous les champs de la sphère politique et de la vie publique. Ce n'est qu'en dissociant économie et capitalisme que nous nous libérerons du dogmatisme et de l'idéologie actuels, et que nous redonnerons du sens aux termes émancipateurs participant de la démocratie et de la citoyenneté.
Le temps s'est arrêté pour Makepeace. Sans âme qui vive sur qui veiller, elle arpente les rues désertes de sa ville-fantôme. Les derniers pionniers venus coloniser ce coin de Sibérie ont disparu avec le cataclysme. Makepeace est seule. Pour survivre, il lui faut un cheval, un fusil, de quoi fondre des balles, quelques graines à semer lorsque le sol aura dégelé, un oeil vif pour repérer les livres à sauver des décombres - et une bonne dose de ruse. Mais quand Ping émerge de la taïga, trahissant une peur sans nom dans une langue inconnue, et qu'un avion déchire le ciel, Makepeace prend la route, l'espoir chevillé au corps. Roman d'aventures ou dystopie, voici LE western du Grand Nord. Un roman déjà culte. « Un bijou post-apocalyptique. » Lire
« Il ne s'agit plus de commenter ou de comprendre le réel : il s'agit de produire du réel. Ce qui tue aujourd'hui et avant tout, c'est notre manque d'imagination. L'art, la littérature, la poésie sont des armes de précision. Il va falloir les dégainer. Et n'avoir pas peur de ceux qui crieront au scandale et à la trahison. » En répondant aux questions brûlantes d'actualité de Carole Guilbaud, Aurélien Barrau remet le politique et le social au coeur de l'écologie. Il nous aiguillonne vers un renouveau démocratique, où la liberté la plus fondamentale est d'abord celle du pouvoir vivre. Dans la lignée de la revue Apulée, engagée dans la défense indéfectible des libertés et attachée aux voix du monde, Les Apuléennes proposent des entretiens, essais, articles et analyses en résonance directe avec les enjeux et les perspectives actuels.
Il n'a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin - d'instinct.
Alors commence la rencontre avec les hommes : les habitants d'un hameau perdu, Brabek l'ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, l'amour combien charnel avec Emma, mélomane lumineuse, à la fois soeur, amante, mère. « C'est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l'existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l'effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l'on nomme la civilisation.
Itinéraire d'une âme neuve qui s'éveille à la conscience au gré du hasard et de quelques nécessités, ponctué des petits et grands soubresauts de l'Histoire, le Garçon est à sa façon singulière, radicale, drôle, grave, l'immense roman de l'épreuve du monde. Marcus Malte est né en 1967 à la Seyne-sur-Mer. Il est l'auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles dont Garden of Love (récompensé par une dizaine de prix littéraires, notamment le Grand Prix des lectrices de Elle, catégorie policier) et, plus récemment, les Harmoniques.
« Mon neveu Marteinn est venu me chercher à la maison de retraite. Je vais passer le plus clair de l'été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme que vous habitiez jadis, Hallgrímur et toi. » Ainsi commence la réponse - combien tardive - de Bjarni Gíslason de Kolkustadir à sa chère Helga, la seule femme qu'il aima, aussi brièvement qu'ardemment, d'un amour impossible.
Et c'est tout un monde qui se ravive : entre son élevage de moutons, les pêches solitaires, et sa charge de contrôleur du fourrage, on découvre l'âpre existence qui fut la sienne tout au long d'un monologue saisissant de vigueur. Car Bjarni Gíslason de Kolkustadir est un homme simple, taillé dans la lave, pétri de poésie et d'attention émerveillée à la nature sauvage.
Ce beau et puissant roman se lit d'une traite, tant on est troublé par l'étrange confession amoureuse d'un éleveur de brebis islandais, d'un homme qui s'est lui-même spolié de l'amour de sa vie. Bergsveinn Birgisson est né en 1971. Titulaire d'un doctorat en littérature médiévale scandinave, il porte la mémoire des histoires que lui racontait son grand-père, lui-même fermier et pêcheur dans le nord-ouest de l'Islande.
Immense succès dans les pays scandinaves ainsi qu'en Allemagne, La Lettre à Helga est enfin traduit en français.
Exilée à Rome, Barni voit son passé resurgir : un jeune Somalien grièvement blessé arrive à l'hôpital et ne peut communiquer avec personne - à part elle ? En tentant de découvrir qui il est, elle renoue avec tout un pan de son histoire, et retrouve miraculeusement sa complice de toujours, sa cousine Domenica. Elles se souviennent de Mogadiscio, des années d'adolescence et de la vie qui s'offrait à elles, avant que la guerre civile éclate et que leur univers se disloque... Roman de la diaspora somalienne, Madre piccola donne la parole aux exilés. Les liens tragiquement suspendus se retissent derrière les silences, les choix, les alliances et les secrets. Un roman monde, intime et bouleversant. « Une galerie de portraits, de rencontres, et de sentiments des plus simples aux plus profonds. » La Repubblica
Vous cherchez à mettre un mot sur un sentiment ou une sensation qui vous échappe ? Ou vous pensez peut-être que ce mot n'existe pas ? À travers cet inventaire de 154 émotions - familières, émergentes ou empruntées à d'autres langues et cultures -, Tiffany Watt Smith nous emmène à la découverte de notre intelligence émotionnelle. Nos émotions sont façonnées par notre corps et notre esprit, mais aussi par le contexte historique et culturel. Et les mots que nous utilisons pour les nommer influent sur la manière dont nous les vivons. En convoquant la psychologie, la philosophie, l'anthropologie et autant d'anecdotes lumineuses de l'Histoire, Tiffany Watt Smith nous montre comment saisir les nuances infinies de notre monde intérieur.
La mobilisation et l'engagement des femmes pour l'abolition de l'esclavage, la fin de la ségrégation ou les droits civiques - et la part qu'y ont prise les femmes noires - ont été déterminants. Au coeur de cette histoire transparaissent des contradictions encore à l'oeuvre aujourd'hui. Du xixe siècle à nos jours aux États-Unis, Angela Davis décortique les intérêts conflictuels et convergents des grands mouvements de libération et d'émancipation. Elle montre comment le patriarcat, le racisme et le capitalisme ont divisé des causes qui auraient pu être communes. Preuve que c'est en surmontant les clivages de genre, de race, de classe, et en brisant les fausses mythologies que les femmes pourront le mieux se libérer des oppressions. Femmes, race et classe est un essai fondateur, indispensable pour comprendre la portée des mobilisations féministes passées et à venir, et les conditions de leur réussite.
Grâce à ses talents de cuisinier et à son charisme indolent, Gabriel - à peine débarqué d'on ne sait où - tisse des liens très forts avec les habitants d'une petite ville de Bretagne : la bien belle réceptionniste d'un hôtel sans classe, deux junkies au bout du rouleau et surtout José, le patron du Faro, dont la femme est à l'hôpital... Pareil au panda en peluche échoué sur le comptoir du Faro, Gabriel offre de son temps et de sa personne à celles et ceux qui viennent à lui, plus surpris ou séduits que méfiants. Et pourtant, s'ils savaient... « Le noir de Pascal Garnier est celui que seuls peuvent voir les astronautes : brillant, sans fond, et constellé de mystérieux points lumineux à la fois glaciaux et étrangement réconfortants. » John Banville
Quand on découvre que Zardjou, l'homme qui remet en question la vie d'Arezou, est marchand de serrures, on peut y voir l'ironie d'un signe plus subtil qu'il n'y paraît. Les apparences sont trompeuses ; on entre avec plus de vigilance et de curiosité dans une belle histoire d'amour. À travers le destin d'une femme active, divorcée, partagée entre sa mère et sa fille, trois générations s'affrontent dans un monde où règnent depuis longtemps les interdits et le non-dit. On suit Arezou, au bord du rire ou des larmes, sous la neige, espérant avec elle profiter enfin d'une certaine beauté de la vie. Dans un roman d'une richesse et d'une vigueur exceptionnelles, Zoyâ Pirzâd brosse à la fois le portrait d'une société pleine de contradictions et celui d'une femme passionnante, aussi drôle et attachante qu'une héroïne de Jane Austen.
Un joueur d'échecs new-yorkais se retrouve, au lendemain de sa mort, sur Petite Vie. Ici tout le monde a de nouveau 20 ans, et un bonus de 10 ans de vie. Sur cette planète étrange, obsédée par la mémoire, il hérite d'une mission : reconstituer le roman 4001 et remonter la piste de son auteur, Robert Krauss. Avec sa comparse Bonadea, il se lance dans une course effrénée. Loin de la capitale, les voilà propulsés sur un continent dominé par les Hans, qui ne rêvent que de restaurer le Mécanisme, quel qu'en soit le prix. Odyssée fantasmagorique à travers les vertiges de la mémoire et du temps, Fonte brute est un voyage au coeur de nos images mentales. Qui mixe le mieux Jules Verne, Hitchcock, David Lynch et notre vécu, sinon notre propre cerveau ? Phénoménal !
C'est la belle histoire d'une femme libre et d'un enfant prêté, le temps d'une équipée hivernale autour de l'Islande.
En ce ténébreux mois de novembre, la narratrice voit son mari la quitter sans préavis et sa meilleure amie lui confier son fils de quatre ans. Qu'à cela ne tienne, elle partira pour un tour de son île noire, seule avec Tumi, étrange petit bonhomme, presque sourd, avec de grosses loupes en guise de lunettes.
Avec un humour fantasque et une drôlerie décapante, l'Embellie ne cesse de nous enchanter par cette relation cocasse, de plus en plus attentive, émouvante, entre la voyageuse et son minuscule passager. Ainsi que par sa façon incroyablement libre et allègre de prendre les péripéties de la vie et de la vie amoureuse, sur fond de blessure originelle. Et l'on se glisse dans l'Embellie avec le même bonheur immense que dans Rosa candida, en une sorte d'exultation complice qui ne nous quitte plus.
Auður Ava Ólafsdóttir est née en 1958 à Reykjavik. Il y a chez cette grande romancière islandaise - dont on garde en mémoire le merveilleux Rosa candida - un tel emportement rieur, une telle drôlerie des situations comme des pensées qui s'y attachent, que l'on cède volontiers à son humour fantasque, d'une justesse décapante mais sans cruauté, terriblement magnanime.
Vrai bain de jouvence littéraire, ses romans ressemblent à la vie.
Qui ne connaît pas un de ces inventeurs géniaux dont la découverte reste à jamais inconnue, empêchée ou censurée ? Phily-Jo est de ceux-là. Sa machine à énergie libre, la FreePow, est révolutionnaire. Si visionnaire et dérangeante que la mort brutale de Phily-Jo demeure un mystère pour ses proches. Meurtre ou suicide ? Est-ce le combat de David contre Goliath, une conspiration du grand capital prompt à freiner tous les progrès humanistes ? Dans un infernal jeu de poupées gigognes, les héritiers et disciples de Phily-Jo se lancent tour à tour dans une quête de vérité qui les mène au coeur du Texas, ses couloirs de la mort et ses champs pétrolifères. Mais qui croire, à la fin ? Avec un humour décapant, Qui se souviendra de Phily-Jo ? est le roman de toutes les manipulations -emprise du capitalisme, mensonge, complot, ou pouvoir du récit... Vertigineux et époustouflant !
Issue d'une lignée de sages-femmes, Dyja est à son tour « mère de la lumière ». Ses parents dirigent des pompes funèbres, sa soeur est météorologue : naître, mourir, et au milieu quelques tempêtes. Alors qu'un ouragan menace, Dyja aide à mettre au monde son 1922e bébé. Elle apprivoise l'appartement hérité de sa grand-tante, avec ses meubles vintage, ses ampoules qui grésillent et un carton à bananes rempli de manuscrits. Car tante Fífa a poursuivi l'oeuvre de l'arrière-grand-mère, mêlant les récits de ces femmes qui parcouraient la lande dans le blizzard à ses propres réflexions aussi fantasques que visionnaires sur la planète, la vie et la lumière. Sous les combles, un touriste australien semble venu des antipodes simplement pour faire le point. Décidément, l'être humain est l'animal le plus vulnérable de la Terre, le fil ténu qui relie à la vie aussi fragile qu'une aurore boréale. Explorant avec grâce les troublantes drôleries de l'inconstance humaine, Audur Ava Ólafsdóttir poursuit depuis Rosa candida une oeuvre d'une grande finesse. Elle a reçu le Prix Médicis étranger pour Miss Islande.
C'est Yao Poku, vieux chasseur à l'ironie décapante et grand amateur de vin de palme, qui nous parle. Un jour récent, une jeune femme rien moins que discrète, de passage au village, aperçoit un magnifique oiseau à tête bleue et le poursuit jusque dans la case d'un certain Kofi Atta. Ce qu'elle y découvre entraîne l'arrivée tonitruante de la police criminelle d'Accra, et bientôt celle de Kayo Odamtten, jeune médecin légiste tout juste rentré d'Angleterre. Renouant avec ses racines, ce quelque part longtemps refoulé, Kayo se met peu à peu à l'écoute de Yao Poku et de ses légendes étrangement éclairantes... Porté à merveille par une traduction qui mêle français classique et langue populaire d'Afrique de l'Ouest, ce roman époustouflant nous laisse pantelants, heureux de la traversée d'un monde si singulier. Meilleur premier roman étranger, sélection Lire - Prix Mahogany - Prix Laure Bataillon 2014 de la meilleure oeuvre traduite - Prix Baudelaire de la traduction 2014
Souvent aux beaux jours, Ágústína grimpe sur les hauteurs du village pour s'allonger dans le carré de rhubarbe sauvage, à méditer sur Dieu, la beauté des nombres, le chaos du monde et ses jambes de coton. C'est là, dit-on, qu'elle fut conçue, avant d'être confiée aux bons soins de la chère Nína, experte en confiture de rhubarbe, boudin de mouton et autres délices.
Singulière, arrogante et tendre, Ágústína ignore avec une dignité de chat les contingences de la vie, collectionne les lettres de sa mère partie aux antipodes à la poursuite des oiseaux migrateurs, chante en solo dans un groupe de rock et se découvre ange ou sirène sous le regard amoureux de Salómon. Mais Ágústína fomente elle aussi un grand voyage : l'ascension de la « Montagne », huit cent quarante-quatre mètres dont elle compte bien venir à bout, armée de ses béquilles, pour enfin contempler le monde, vu d'en haut... Tout premier roman d'Auður Ava Ólafsdóttir enfin traduit en français, Le rouge vif de la rhubarbe éclaire à merveille l'oeuvre de la grande romancière islandaise. Car il s'agit bien de merveilleux chez elle. Pourtant, c'est à la vie ordinaire qu'elle s'attache, sur cette île noire aux paysages crépusculaires, celle de personnages hors normes qui affrontent leur destinée avec une singulière drôlerie et une grâce incomparable. Car il y a toujours une embellie dans les nuits polaires d'Auður Ava Ólafsdóttir.
Après Rosa candida, inoubliable découverte, Le rouge vif de la rhubarbe est un enchantement.
« Révolutionnaire, magistral, alarmant, alarmiste, déraisonnable... Inratable. » The Financial Times Tous tracés, et alors ? Bienvenue dans le capitalisme de surveillance ! Les géants du web, Google, Facebook, Microsoft et consorts, ne cherchent plus seulement à capter toutes nos données, mais à orienter, modifier et conditionner tous nos comportements : notre vie sociale, nos émotions, nos pensées les plus intimes... jusqu'à notre bulletin de vote. En un mot, décider à notre place - à des fins strictement lucratives. Des premiers pas de Google au scandale de Cambridge Analytica, Shoshana Zuboff analyse cette mutation monstrueuse du capitalisme, où la souveraineté du peuple est renversée au profit non pas d'un État autoritaire, comme on pourrait le craindre, mais d'une nouvelle industrie opaque, avide et toute-puissante, menaçant dans une indifférence radicale notre libre arbitre et la démocratie. Remarquable outil pour appréhender cette situation « sans précédent », L'Âge du capitalisme de surveillance est aussi un appel à la résistance. « L'essai le plus important publié sur les civilisations numériques et sur les risques qu'elles font courir à nos sociétés. » France Inter