La première édition française du Nom de la Rose parut en 1982. Pour marquer le 40ème anniversaire de ce succès spectaculaire, les éditions Grasset republient le roman d'Umberto Eco dans une nouvelle édition augmentée. Les croquis et les notes préparatoires de l'auteur ainsi qu'une postface de son éditeur italien Mario Andreose complètent ainsi une réédition élégante de ce livre-culte, et permettent au lecteur de se faire une idée de la genèse du projet romanesque.
Un bref rappel de l'histoire : Dans une abbaye bénédictine située entre Provence et Ligurie, un moine est assassiné. Nous sommes en 1327, et c'est dans ce lieu voué au silence et à la prière, admiré de tout l'Occident pour la science de ses moines et la richesse de sa bibliothèque, que va se dérouler l'enquête de Guillaume de Baskerville. Cet ex-inquisiteur se voit prié par l'Abbé d'éclaircir au plus vite les raisons de la mort d'un de ses moines, retrouvé sans vie au pied des murailles. Et tout se jouera dans l'enceinte de l'abbaye pendant sept jours...
Traduit de l'italien par Jean-Noël Schifano.
Dane une petite ville des Caraïbes, à la fin du siècle dernier, un jeune télégraphiste, pauvre, maladroit, poète et violoniste, tombe amoureux fou de l'écolière la plus ravissante que l'on puissse imaginer. Sous les amandiers d'un parc, il lui jure un amour éternel et elle accepte de l'épouser. Pendant trois ans, ils ne feront que penser l'un à l'autre, vivre l'un pour l'autre, rêver l'un de l'autre, plongés dans l'envoûtement de l'amour. Jusqu'au jour où l'éblouissante Fermina Daza, créature magique et altière, irrésistible d'intelligence et de grâce, préfèrera un jeune et riche médecin, Juvenal Urbino, à la passion invincible du médiocre Florentino Ariza. Fermina et Jevenal gravissent avec éclat les échelons de la réussite en même temps qu'ils traversent les épreuves de la routine conjugale. Florentino Ariza, repoussé par Fermina Dazan, se réfugie dans la poésie et entreprend une carrière de séducteur impénitent et clandestin. Toute sa vie, en fait, n'est tournée que vers un seul objectif : se faire un nom et une fortune pour mériter celle qu'il ne cessera jamais d'aimer en secret et avec acharnement chaque instant de chaque jour, pendant plus d'un demi-sièicle. L'amour au temps du choléra est le grand roman de Garcia Marquez, aussi fondamental dans son oeuvre que Cent ans de solitude dont il forme le vrai pendant.
Dans un village de Colombie, un jeune homme, Santiago Nasar, est assassiné un matin à l'issue d'une nuit blanche très mouvementée et d'une visite au port pour apercevoir l'évêque dont le passage est un événement. Une enquête menée par le narrateur révèle l'aspect insolite de ce fait divers : tout le monde, en fait, était au courant du projet des deux assassins. Cette mort était "annoncée" et même clamée par les tueurs. Pourquoi n'a-t-on rien fait pour empêcher l'assassinat en avertissant la future victime ?Des servantes familiales au responsable de la sécurité du village, en passant par le curé, ou les bouchers des abattoirs, on avait, semble-t-il, ses raisons. Consultés par le narrateur, les témoins expliquent ce qu'ils savent, ou mieux, ce qu'ils savaient. Mais pourquoi les frères Vicario ont-ils tué Santiago Nasar à l'aube, alors qu'ils ont passé une partie de la nuit avec lui à festoyer et à s'enivrer à l'occasion du fastueux mariage de leur soeur Angela ? En pleine nuit de noces, le marié, Bayardo, congédie brusquement sa femme car il s'aperçoit qu'elle n'est pas vierge. Interrogée par ses deux frères, Angela révèle le nom de celui qui l'a déflorée : Santiago Nasar. Mais est-ce vrai ? Et le mari mérite-t-il vraiment cette vengeance familiale ?Ainsi l'affaire est reconstituée peu à peu, mais les détails fournis, loin d'éclairer l'ensemble, le rendent de plus en plus mystérieux et rocambolesque. Voici un livre hallucinant où l'humour et l'imagination de Garcia Marquez se débrident plus que jamais pour créer une nouvelle et géniale fiction sur les vieux et éternels thèmes de l'honneur et de la fatalité.
Jean Louise Finch, dite « Scout », l'inoubliable héroïne de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, est de retour dans sa petite ville natale de l'Alabama, Maycomb, pour rendre visite à son père, Atticus. Vingt ans ont passé. Nous sommes au milieu des années 1950, et la nation se déchire autour des questions raciales. Confrontée à la société qui l'a façonnée mais dont elle croit s'être affranchie en partant vivre à New York, Jean Louise va découvrir ses proches sous un jour inédit...
Chronique douce-amère de l'adieu à l'enfance, entre tendresse et férocité, espoir et désenchantement, révolte et révélations, Va et poste une sentinelle est le deuxième roman de l'auteur de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur mais fut écrit avant son livre culte, prix Pulitzer en 1961. Si sa publication constitue aujourd'hui un événement majeur, ce n'est pas seulement parce qu'il aura fallu attendre plus d'un demi siècle pour connaître son existence, ni parce qu'il a d'ores et déjà battu tous les records de ventes (plus d'1,1 million d'exemplaires en une semaine lors de sa parution aux États-Unis), mais aussi, et surtout, parce qu'il s'agit d'un grand livre, puissant, émouvant, dérangeant : un troublant miroir tendu à un monde qui, malgré le passage du temps, nous parle toujours du nôtre.
À l'université d'UCSM, en Californie, un sujet est dans toutes les bouches : le passage à la télé du professeur Guy Schermerhorn et de son chimpanzé Sam - un singe pas comme les autres : il parle, Guy l'ayant initié à la langue des signes. C'est alors que, dans le hall, Aimee tombe sur un prospectus indiquant que le professeur cherche des étudiants pour l'assister dans ses recherches (comprendre : s'occuper de Sam). « Aucune expérience nécessaire, est-il précisé. Seulement de la patience et un dos à toute épreuve. » En effet, la tâche n'est pas de tout repos, ce dont peut témoigner la prédécesseuse d'Aimee, défigurée après une grave morsure. Mais la jeune étudiante s'en sort à merveille. Grâce à sa douceur maternelle, elle arrive à canaliser l'animal. Et puis elle lui change ses couches, lui donne le bain, répare ses bêtises, le câline, lui fait la cuisine - quand Guy ne commande pas des pizzas (le plat préféré de Sam). Voilà de quoi satisfaire le professeur : il a trouvé en elle la parfaite nounou. Et la parfaite petite-amie...
Cependant, une mauvaise nouvelle va mettre fin à cette idylle. D'après une étude qu'un certain Borstein s'apprête à publier, seuls les humains peuvent apprendre le langage, ce qui pousse le professeur Donald Moncrief - le grand manitou de la primatologie et à l'initiative de l'expérience menée par Guy - à mettre un terme à celle-ci. Il rapatrie Sam chez lui, dans l'Iowa, et l'enferme dans sa « grange aux chimps » sans autre forme de procès. Sauf que pour Aimee, Sam c'est toute sa vie. Et elle va tout faire pour le libérer.
On reconnaît ici l'humour grinçant si caractéristique du style de T.C. Boyle. Mais pour loufoque qu'il soit, ce roman n'en est pas moins sous-tendu par une réflexion métaphysique et éthique profonde : quelle est la frontière entre l'humain et l'animal ?
Traduit de l'anglais ( États-Unis) par Bernard Turle
Les gens pensent beaucoup moins à nous qu'on ne le croit. « Je m'appellle Pietro Palladini, j'ai 43 ans et je suis veuf ». C'est ainsi que se présente le héros du nouveau roman de Sandro Veronesi. Un homme en apparence comblé. Il a une excellente position profesionnelle, une femme qui l'aime, Lara, et une fille de dix ans. Mais un jour, au moment où son mari sauve la vie d'une inconnue qui se noie, Lara succombe à une crise cardiaque... La vie de Pietro bascule. Sa société de télévision est à la veille de fusionner avec des américains. Désespéré, Pietro se réfugie dans sa voiture garée devant l'école de sa fille. Puis il se promène dans le square en face : il attend qu'une terrible douleur le terrasse... mais rien ne vient. En observant le monde de l'endroit où il s'est enraciné, il découvre peu à peu la face cachée des choses, de ses collègues de travail, des parents d'élèves et de ses proches, tous portant leur propre fardeau. Ils accourent vers lui et devant son calme incompréhensible, les masques tombent. Ainsi son histoire devient immense, elle les englobe tous, elle les guide, elle les inspire. Plein de sagesse, brillant, sceptique, cordial, imprévisible, Pietro est l'homme qui avance à tâtons sur la voie de l'authenticité, avec son intelligence : il avance, il expérimente, il tire des conclusions.
Le journalisme a été la grande affaire de la vie de Gabriel Garcia Marquez. Ses années de formation ont été consacrées au métier de reporter qu'il exerçait avec une passion jamais démentie, et son oeuvre littéraire en découle dans une filiation revendiquée par lui. La présente anthologie rassemble donc 50 textes de la période journalistique de l'homme qui recevra le Prix Nobel de Littérature en 1982, et nous offre un éclairage passionnant sur le parcours du grand écrivain colombien. Le lien narratif entre journalisme et littérature semble évident à la lecture de ces textes courts, qu'il s'agisse de scènes de la vie quotidienne, de brèves histoires poétiques, de chroniques poli-tiques sur les Sandinistes et l'élite politique colombienne, ou de réflexions intitulées « Le fantasme du Prix Nobel » ou « Comment écrire un roman ». Un portrait de Hemingway, un autre de Fidel Castro, des évocations de Paris, Mexico ou Bogota complètent ce choix de textes dont on ne peut qu'admirer la hauteur de vue et surtout le rythme. Gabriel Garcia Marquez fut ce grand conteur de l'Histoire aussi bien dans ses romans que dans ses écrits dits journalistiques.
Traduit de l'espagnol (Colombie) par Gabriel Iaculli.
C'est l'histoire d'un amour contrarié par les circonstances de la vie : un jeune homme pauvre tombe amoureux de la femme de son riche employeur, qui est également son bienfaiteur. Elle l'aime aussi. Il est envoyé pour plusieurs années en Amérique Latine pour une mission de confiance ; elle lui promet de se donner à lui quand il reviendra. Mais ce retour ne cessera d'être différé : la guerre de 1914-18 éclate, empêchant toute traversée de l'Atlantique pour les ressortissants des pays ennemis de l'Angleterre ; le jeune homme finit par se marier et fonder une famille. Les retrouvailles n'ont finalement lieu que neuf ans plus tard et elles ont un goût amer. Le lecteur est pris par cette histoire d'amour impossible, émouvante, qui rappelle par bien des aspects la fin de L'Education sentimentale. Une belle réflexion sur l'usure des sentiments et l'impossibilité de faire revivre le passé.
Après avoir érigé un inoubliable tombeau littéraire à l'homme de sa vie (L'Année de la pensée magique), Joan Didion adresse, dans Le Bleu de la nuit, un vibrant hommage funèbre à leur fille, décédée quelques semaines à peine avant la parution de la Pensée magique aux Etats-Unis. Mais qu'on ne se méprenne pas : loin d'être une « suite » de la Pensée magique, ce récit serait plutôt son image en miroir, une variation inversée. On y retrouve, intactes, la puissance et la singularité de l'écriture de Didion : sèche, précise, lumineuse face à la nuit. Dans un puzzle de réminiscences et de réflexions (sur la mort, bien sûr, mais aussi sur les mystères de la maternité, de l'enfance, de la maladie, de la vieillesse, de la création...), l'auteur mène un combat acharné contre les fantômes de la mélancolie, des doutes et des regrets. Poignante sans jamais verser dans le pathétique, d'une impitoyable honnêteté envers elle-même sans jamais céder aux sirènes de la complaisance ou de l'impudeur, elle affirme une fois de plus, au crépuscule de son existence, sa foi dans les forces de l'esprit et de la littérature.
Chilienne expatriée au Canada durant la dictature de Pinochet, Lucía Maraz porte encore les profondes cicatrices de son passé. Elle ne s'est jamais tout à fait remise de la disparition de son frère, au cours des premières années du régime, et a également dû affronter un divorce et se battre contre le cancer. Mais lorsque, professeur invitée à l'université de New York, elle s'installe dans l'appartement au sous-sol du brownstone de son collègue, le professeur Richard Bowmaster, elle entame ce nouveau chapitre de sa vie avec entrain et optimisme.
Plusieurs deuils ont plongé Richard Bowmaster, d'un tempérament opposé et rongé par la culpabilité, dans une profonde solitude qu'il ne supporte qu'en menant une vie monastique, se détournant le moins possible de la routine qu'il s'impose. Au coeur de la tempête de neige la plus importante que Brooklyn ait connu de mémoire d'homme, un banal accident de voiture aura pourtant raison de son ostracisme. Alors que Richard se retrouve face à la jeune femme - immigrée guatémaltèque sans papier - dont il vient de heurter le véhicule, il est contraint d'appeler sa locataire pour l'aider. Evelyn Ortega va alors leur révéler un secret qui les entrainera tous les trois plus loin qu'ils ne l'auraient imaginé, et entre confidences et révélations, liera leur destinée de manière inattendue.
Plus loin que l'hiver est certainement l'un des romans les plus personnels d'Isabel Allende, mais c'est aussi un livre ancré dans l'actualité puisqu'il aborde les thèmes de la migration et des identités. Se jouant des clichés et des préjugés, de New York au Guatemala, en passant par le Brésil et le Chili des années 70, Isabel Allende livre une très belle histoire d'amitié et de rédemption.
Traduit de l'espagnol (Chili) par Jean-Claude Masson
La publication de Manuel à l'usage des femmes de ménage révèle un grand auteur et un destin exceptionnel : Lucia Berlin, mariée trois fois, mère de quatre garçons, nous raconte ses multiples vies en quarante-trois épisodes. Élevée dans les camps miniers d'Alaska et du Midwest, elle a été successivement une enfant solitaire au Texas durant la Seconde Guerre mondiale, une jeune fille riche et privilégiée à Santiago du Chili, une artiste bohème vivant dans un loft new-yorkais au milieu des années 50 et une infirmière aux urgences d'Oakland. Avec un délicat mélange d'humour, d'esprit et de mélancolie, Berlin saisit les miracles du quotidien jusque dans les centres de désintoxication du sud-ouest des États-Unis, elle égrène ses conseils avisés et loufoques tirés de ses propres expériences d'enseignante, standardiste, réceptionniste, ou encore femme de ménage.
Dix ans après la mort de l'auteur, la découverte de Manuel à l'usage des femmes de ménage a constitué un événement littéraire majeur aux États-Unis, puis dans le monde entier. Comparée par la critique américaine à Raymond Carver et Alice Munro, Lucia Berlin est un grand écrivain injustement méconnu, un maître de la narration qui se nourrit du réel pour émerveiller son lecteur.
« Lucia Berlin est sans doute le meilleur écrivain dont vous n'avez jamais entendu parler... »
-Publishers Weekly
« Les nouvelles de Madame Berlin font s'émerveiller des imprévus de l'existence. C'est ça un grand écrivain. »
-The New York Times
« Quarante-trois nouvelles, quarante-trois petits chefs-d'oeuvre. »
-La Repubblica
Livre culte dans le monde entier, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur raconte l'histoire d'Atticus Finch, jeune avocat, qui élève seul ses deux enfants Jem et Scout. Lorsqu'il est commis d'office pour la défense d'un homme noir accusé d'avoir violé une femme blanche, la vie de la petite famille bascule. Nous sommes dans les années 1930, dans une petite ville de l'Alabama et certaines vérités peuvent être dangereuses à démontrer...
Grâce au talent de Fred Fordham (notamment découvert en France grâce à Nightfall, paru chez Delcourt), ce roman graphique donne une nouvelle vie au chef d'oeuvre d'Harper Lee. L'illustrateur a exploré les lieux qui ont compté pour la mythique auteure américaine en se plongeant dans sa vie afin de s'approcher au plus près de son imaginaire. Fred Fordham offre un éclairage inédit du texte avec ce magnifique ouvrage qui renforce encore la modernité de l'oeuvre de Lee. Couronné par le prix Pulitzer en 1961, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est l'un des plus grands classiques de la littérature du xxème siècle.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Stoïanov, relu et actualisé par Isabelle Hausser
Grace se donne pour mission de témoigner de l'histoire de Charlotte. Les deux femmes sont américaines, leurs chemins se croisent dans une petite république d'Amérique Centrale où Grace vit depuis des années. Quand Charlotte s'y installe pour essayer de retrouver sa fille Marine, elle ne soupçonne pas que son destin va se jouer dans ce pays rongé par la violence et la corruption. Grace - placée au coeur de la classe dirigeante de l'État par son mariage - essaie de l'aider. Elle est scientifique, se veut rationnelle. Elle est pourtant incapable de comprendre les passions de Charlotte, une femme qui engage sa vie sans concessions, jusqu'à se perdre.
Roman d'une tragédie à la fois intime et politique, Un livre de raison impressionne toujours, quarante ans après sa première publication, par son écriture laconique et par l'acuité du regard de Joan Didion.
Trente ans après Le Nom de la rose, Umberto Eco nous offre le grand roman du XIXème siècle secret. De Turin à Paris, en passant par Palerme, nous croisons une sataniste hystérique, un abbé qui meurt deux fois, quelques cadavres abandonnés dans un égout parisien. Nous assistons à la naissance de l'affaire Dreyfus et à la création de l'évangile antisémite, Les Protocoles des sages de Sion. Nous rencontrons aussi des jésuites complotant contre les francs-maçons, des carbonari étranglant les prêtres avec leurs boyaux. Nous découvrons les conspirations des renseignements piémontais, français, prussien et russe, les massacres dans le Paris de la Commune où l'on se nourrit d'illusions et de rats, les coups de poignard, les repaires de criminels noyés dans les vapeurs d'absinthe, les barbes postiches, les faux notaires, les testaments mensongers, les confraternités diaboliques et les messes noires...Les ingrédients sont donc réunis pour faire de ce savoureux feuilleton un diabolique roman d'apprentissage. Tout est vrai ici, à l'exception de Simon Simonini, protagoniste dont les actes ne relèvent en rien de la fiction mais ont probablement été le fait de différents auteurs. Qui peut, cependant, l'affirmer avec certitude ? Lorsque l'on gravite dans le cercle des agents doubles, des services secrets, des officiers félons, des ecclésiastes peccamineux et des racistes de tous bors, tout peut arriver...
« L'année de mes quatre-vingt-dix ans, j'ai voulu m'offrir une folle nuit d'amour avec une adolescente vierge. Je me suis souvenu de Rosa Cabarcas, la patronne d'une maison close qui avait l'habitude de prévenir ses bons clients lorqu'elle avait une nouveauté disponible. Je n'avais jamais succombé à aucune de ses nombreuses tentations obscènes, et moins encore à celle-là, mais elle ne croyait pas à mes principes. La morale est aussi une affaire de temps, disait-elle avec un sourire malicieux, tu verras ». Ainsi commencent ces souvenirs.
Le narrateur, « timide et anachronique », comme il se définit lui-même, vit dans une grande maison coloniale, héritée de ses parents, il a presque tout vendu sauf la bibliothèque et sa collection de disques de musique classique, il s'enorgueillit de n'avoir jamais couché avec une femme sans la rétribuer. En fait, il n'est jamais tombé amoureux. Sa vie n'a pas été passionnante et il décide de la commencer à un âge où la mort se penche déjà sur lui. Il sera sauvé de la vieillesse, stimulé par cet amour tardif pour une tendre adolescente. Les épisodes amoureux sont platoniques, sans une parole, un mot : un voyeurisme extrême qui génère un amour fou.
Ce qui prime dans ces confessions d'un nonagénaire dont l'ultime désir est de mourir centenaire et amoureux, c'est la revendication jubilatrice de l'amour et de la passion, quel que soit l'âge et les circonstances.
Le roman est parsemé d'épisodes dramatiques, d'humour et de poésie, d'éléments propres à l'univers de Marquez : la vie quotidienne dans les Caraïbes et le monde irééel de Macondo, la solitude de l'homme, les errements de l'amour et surtout les amours contrariés.
Betsy et son mari, couple de jeunes retraités, mènent une existence solitaire et tranquille jusqu'au jour où emménagent leurs nouveaux voisins, les Limpley. John Charleston Limpley est un homme débordant d'enthousiasme, bavard et expansif, qui attire immédiatement la sympathie. Cette vitalité se révèle pourtant vite épuisante, y compris pour sa propre femme. Pour la réconforter, Betsy lui offre un chiot, Ponto. Limpley se prend d'une passion dévorante pour l'animal. Les rôles s'inversent et Ponto devient le maître, habitué à voir ses moindres caprices satisfaits. Betsy ne supporte pas cette tyrannie, et ses relations avec les Limpley se refroidissent. C'est alors que Mrs. Limpley tombe enceinte. Limpley oublie son chien et, toujours dans la démesure, se consacre tout entier à sa femme et à sa fille. Ponto, délaissé, ne comprend pas cette indifférence et éprouve bientôt une rancoeur grandissante à l'égard de son maître et de l'enfant...
C'est un monument. L'une des merveilles du patrimoine littéraire de l'humanité. Les 154 Sonnets de William Shakespeare sont peut-être moins connus que ses tragédies, mais pas moins qu'elles, ils n'ont cessé, depuis quatre siècles, d'ensorceler les lecteurs et de passionner la critique, à la fois par leur beauté, expression suprême de l'art poétique élisabéthai, et par leur mystère."C'est le propre de l'oeuvre accomplie, en musique comme en poésie, que de permettre une infine quantité de lectures, de traductions", écrit dans sa préface Jacques Darras qui, après avoir redonné vie et vigueur à l'oeuvre de Malcolm Lowry et à celle de Walt Whitman, nous offre aujourd'hui ces sonnets comme on ne les avait jamais lus - ou, faudrait-il dire plutôt, comme on ne les avait jamais entendus. Car tout l'enjeu de cette nouvelle traduction est bien de nous faire entendre la musique, si singulière, des vers de Shakespeare : une symphonie baroque, échevelée, d'une audace contemporaine et d'une splendeur inépuisable.
« Au premier coup de pioche, la pierre se désintégra et une chevelure vivante d'une intense couleur de cuivre déferla hors de la crypte... Sur la pierre taillée rongée par le salpêtre ne figurait qu'un simple prénom : Sierva Maria de Todos los Angeles. Déployée à terre, la splendide chevelure mesurait vingt-deux mètres et onze centimètres. » Sierva Maria de Todos los Angeles, fille unique du marquis de Casalduero, avait douze ans quand elle fut mordue par un chien couleur de cendre portant une lune blanche sur le front. Enfermée au couvent pour faire exorciser cette rage qu'elle n'a pas, prise entre les démons de l'Inquisition et cette passion toute neuve pour son exorciste, Don Cayetano Delaura, l'amante-enfant vivra un amour qui l'entraînera jusqu'à la destruction. Contrepoint de l'épopée sentimentale qu'était L'Amour au temps du choléra, De l'amour et autres démons est une pierre majeure dans la construction de l'univers fantastique et rebelle du grand écrivain colombien, qui renouvelle le miracle d'un art capable d'envahir les coeurs et les regards, perpétuant le mythe fondateur de la passion fatale. La perfection de l'écriture et la maîtrise narrative de Gabriel Garcia Marquez sont les forces souterraines qui donnent à ce roman une magnificence tragique et l'envoûtante beauté du chef-d'oeuvre.
Au sud de Londres, quelques jours avant Noël, est retrouvé le cadavre d'une jeune femme étranglée. Le narrateur, Ander, officier de police, enquête sur le crime avec son assistant le grassouillet Gary. Suspect : M. Wolphram, voisin de la victime, ancien professeur de lycée en retraite. Il se dit innocent.
Au fur et à mesure que les interrogatoires se multiplient, Ander est pris d'un sentiment de déjà-vu. Il se remémore sa propre éducation dans un pensionnat privé connu pour ses problèmes de harcèlement : M. Wolphram y avait été un de ses professeurs. Solitaire et marginal, passant ses journées à écouter de la musique, il devient la proie de la presse à scandale et des réseaux sociaux. Ils le harcèlent d'injures. Le voici assassin, pédophile, à lyncher. Une journaliste sans scrupules alimente le scandale en publiant des témoignages biaisés sur celui qu'on surnomme désormais « le loup de Chapelton ».
Dans ce subtil mélange d'enquête et de remémoration, Ander en vient à se rappeler une autre affaire où Wolphram avait été mêlé, et où il s'était révélé bienveillant. Défaut majeur dans ce temps où les chiens des réseaux sociaux aboient et réclament la mort d'hommes vite désignés à leur vindicte. Au fait, coupable, l'est-il ou non, le gentil professeur ?
Dans la lignée du mystérieux et puissant Cent derniers jours, un faux livre policier, un vrai livre littéraire, dans la lignée de Graham Greene. Le roman du harcèlement.
"...J'ai récrit toutes les nouvelles du début à la fin en huit mois fébriles au long desquels je n'ai eu nul besoin de me demander où finit la vie et où commence l'imagination... L'écriture est devenue alors si fluide que par moments je me sentais emporté par le simple plaisir de la narration, qui est peut-être l'état de l'homme qui s'apparente le plus à la lévitation. De plus, en travaillant toutes les nouvelles en même temps, en passant de l'une à l'autre avec la plus grande liberté, j'ai obtenu une vision panoramique qui m'a sauvé de la fatigue des débuts successifs et m'a aidé à traquer les redondances paresseuses et les contradictions fatales. Je crois avoir ainsi réussi le livre de nouvelles qui se rapproche le plus de celui que j'ai toujours voulu écrire... L'effort pour écrire une nouvelle est aussi intense que celui qu'exige la mise en route d'un roman. Car dans le premier paragraphe d'un roman il faut tout définir : structure, ton, rythme et parfois jusqu'au caractère d'un personnage. La suite appartient au plaisir d'écrire...".
Le grand écrivain Amos Oz, récemment disparu, s'est intéressé à la figure du traître toute sa vie - comme son oeuvre romanesque en témoigne. Dans un discours prononcé à Berlin en 2017, il a voulu revenir sur le plus célèbre d'entre eux, et réfléchir au rôle qu'a joué la prétendue trahison de Jésus par Judas dans la naissance de l'antisémitisme chrétien. Il se fait conteur en nous présentant une version alternative de l'histoire connue, et en nous interrogeant sur les liens entre les deux grandes religions monothéistes que sont le judaïsme et le christianisme. Sa réflexion est iconoclaste, irrévérencieuse, romanesque, mais toujours nourrie d'une connaissance profonde des textes fondateurs des deux religions.
Cet ouvrage, le premier inédit publié depuis le décès d'Amos Oz en décembre 2018, condense une certaine philosophie du dialogue qui était au coeur de l'oeuvre et de l'engagement d'Amos Oz. Sa parole demeure d'une actualité brûlante.
En préambule, la rabbin Delphine Horvilleur s'adresse directement à l'auteur disparu, dans une émouvante lettre. Elle nous offre un éclairage passionnant de la conférence d'Amos Oz, en nous parlant des prophètes et des traîtres, du rôle de la littérature dans nos vies, et du besoin de dialogue pour surmonter les fanatismes de toute sorte.
Traduit de l'anglais par Sylvie Cohen
Quatre personnages se croisent : Leonore Franck, veuve du célèbre écrivain Karl Amadeus Franck, leur fils Friedrich, Bürstein, le biographe du maître et une mystérieuse femme qui s'avère être l'amour d'enfance du grand écrivain, celle à qui il a écrit des dizaines de pièces enflammées et dédié une pièce de théâtre que tout le monde croyait jusqu'alors perdue. Or cette femme détient les lettres et le manuscrit...
Tout le génie de Zweig est de glisser du vaudeville classique à la pièce métaphysique sur la création. Depuis la mort de l'écrivain, sa veuve, ainsi que le biographe, ont maquillé la réalité. Or quand Bürstein se repent, la légende de l'écrivain s'effondre, mais pour donner naissance à la véritable histoire d'une vie et d'un amour passionné.
Légendes d'une vie est consacrée aux relations d'une famille et de l'oeuvre que laisse un grand homme disparu. A-t-elle le droit de tout publier? Doit-elle censurer, couper, rectifier ?
Ce livre est de la même veine que Pastiches et Postiches, ce sont des textes d'humour, des pastiches qu'il a publiés dans différents journaux et régulièrement dans L'Espresso, de 1986 à nos jours. On apprend comment ne pas passer des vacances idiotes ; comment reconnaître un film porno ; comment se protéger des veuves... et beaucoup d'autres choses pour les lecteurs curieux, qui apprendront aussi un peu d'histoire, d'économie, de politique, de littérature et de philosophie ! Il y a même une introduction à la pensée du grand sage arabe Benar el-Falouz (Bora-Bora 1818-Baden-Baden 1919) le fondateur de la pensée tautologique qui nous a révélé : " Être, c'est être. " Son plus grand disciple, Guru-Guru, a poursuivi son oeuvre et inventé l'adage " Les affaires sont les affaires "... Hilarant, provocant, intelligent, cet ouvrage répond aux questions que nous n'aurions pas songé à nous poser... Et répond à des questions dont nous pensions connaître la réponse : Comment voyager avec un saumon, par exemple....
Suite à l'insurrection menée contre les hommes, deux cochons règnent en maître sur la Ferme des Animaux. Napoléon et Boule de neige agissent au nom de la liberté pour régir une société nouvelle, égalitaire, où tous leurs Camarades seraient débarrassés de l'oppression des humains. Mais rapidement, des clivages apparaissent au sein de la classe dirigeante. Les intérêts personnels, la soif de pouvoir et les trahisons silencieuses risquent désormais de mettre à mal la grande révolution des animaux...
Initialement publié en 1945, La Ferme des animaux raconte les faiblesses humaines qui brisent les grandes idéologies et mettent en péril nos démocraties. Conte philosophique, allégorie d'une modernité saisissante, ce chef-d'oeuvre de George Orwell illustré par Odyr est une lecture plus que jamais essentielle pour décrypter les dangers qui guettent le monde d'aujourd'hui.
Après l'immense succès de l'adaptation graphique de 1984, l'autre roman culte de George Orwell est enfin publié en version illustrée, dans une nouvelle traduction inédite de Josée Kamoun.