À partir de faits divers découpés dans les journaux, Xavière Gauthier reconstruit le destin de personnages qui ont, insidieusement, hanté son imagination. Chaque nouvelle ressemble à un cas de possession. Dans Le lit clos, une paysanne séquestre son amant. La rouille retrace la vie d'une pauvresse brimée par sa patronne. Dans Le boeuf-carottes, un vieil homme cherche à comprendre pourquoi sa femme s'est enfuie avec le laitier. Avec Aux lilas, c'est une affaire d'imposture qui est dépeinte. Dans cette torpeur suit une Américaine dans les bas-fonds d'Istanbul. Ces récits d'amour disent la vie dans ce qu'elle a de plus violent. Des hommes et des femmes se croisent, s'étreignent et, parfois, se tuent...
Louise Michel (1830-1905) a élevé, sans le vouloir, sa vie au niveau d'une légende. Cette insoumise ne fut l'obligée que des exigences de sa morale et de ses passions. Elle fut de ces trop rares qui essayèrent de soulever leur siècle afin qu'il change de cours. Jamais dupe d'elle-même, elle crut jusqu'à son dernier jour au devenir de l'utopie, c'est-à-dire de l'impossible bonheur. Dans une biographie romancée, écrite au coeur à coeur avec son héroïne, Xavière Gauthier fait mieux que de relater l'enfance de la bâtarde, les illusions de l'institutrice, l'insolent courage de la Communarde et de la déportée en Nouvelle-Calédonie. Elle donne à entendre la voix même de la libertaire dont la personnalité séduisit des hommes aussi différents que Rochefort, Hugo, Ferré et Clemenceau.
"Les tableaux s'expliquent d'eux-mêmes. Ils proposent un monde où l'on n'a qu'à se plonger". Ainsi parle Leonor Fini, qui ajoute : "Il est difficile de comprendre une oeuvre. Il faut la laisser agir, fasciner ou répugner. Le spectateur doit se laisser aller à contempler, à subir si on veut et, s'il est attiré, appelé par un tableau, c'est que là, il y a un élément qui existe en lui (une sensation, une présence, un souvenir), peut-être intraduisible en mots. Aussi bien n'est-ce pas d'explication qu'il s'agit ici, écrit Xavière Gauthier, mais simplement de poser quelques points de repère, quelques jalons, qui seront, je l'espère, autant de points d'égarement. Si je déroule un fil d'Ariane à travers les labyrinthes finiens, obscurs et mystérieux, ce n'est pas pour guider le lecteur-spectateur vers la sortie, le grand jour, mais bien pour le livrer tout vif au Minotaure qui est à l'oeuvre, paisible et menaçant, au centre de toutes les toiles de Leonor Fini.
Les boeufs des hommes blancs détruisent nos cultures. Personne ne veut entendre nos protestations ! Supporterons-nous longtemps d'être dépossédés de nos terres ? La rage est dans mon coeur. Quand mon oncle Ataï lance la révolte, moi, Kowi, jeune guerrier Kanak, je décide de le suivre.
Dans une maison, derrière une fenêtre, deux femmes parlent. Nous entendons. Elles parlent lentement, entre de longs silences, cherchent leurs mots, les trouvent ou ne les trouvent pas, se taisent encore, essayent d'autres mots, se contredisent, se coupent, oublient le magnétophone, essayent de se souvenir, essayent de parler, avancent, se perdent, se retrouvent, se perdent encore, mais avancent toujours, sans modèle, sans plan, sans prudence et, pour la première fois peut-être, sans la peur du CENSEUR. D'où vient que ces propos soient publiés dans leur état premier ? qu'on les livre sans correction aucune ? qu'on ose proposer à la lecture cette incohérence, ce désordre, cette confusion, cette opacité, ces redites, ce piétinement de la parole ? D'où vient que ce qui n'est pas du tout écrit, remanié, mis en forme, élucidé, fascine à ce point ? Quel est le mystère de cet écrit de la parole ? Est-ce parce qu'il est, enfin, celui de la femme ? celui à venir ?
M. D.
Ce livre d'entretiens est paru en 1974.