Filtrer
Annie Ernaux
-
La révélation de L'Autre fille va bousculer toute l'oeuvre qu'Annie Ernaux a consacrée à son enfance depuis La Place.
" Car il a bien fallu que je me débrouille avec cette mystérieuse incohérence : toi la bonne fille, la petite sainte, tu n'as pas été sauvée, moi le démon j'étais vivante. Plus que vivante, miraculée. Il fallait donc que tu meures à six ans pour que je vienne au monde et que je sois sauvée. " -
Au travers de photos et de souvenirs laissés par les événements, les mots et les choses, Annie Ernaux nous fait ressentir le passage des années, de l'après-guerre à aujourd'hui. En même temps, elle inscrit l'existence dans une forme nouvelle d'autobiographie, impersonnelle et collective.
Marina Moncade est la voix sensible et délicate d'Annie Ernaux qui regarde en elle-même pour retrouver le monde, la mémoire et l'imaginaire des jours passés. -
"Enfant, quand je m'efforçais de m'exprimer dans un langage châtié, j'avais l'impression de me jeter dans le vide.
Une de mes frayeurs imaginaires, avoir un père instituteur qui m'aurait obligée à bien parler sans arrêt en détachant les mots. On parlait avec toute la bouche.
Puisque la maîtresse me "reprenait", plus tard j'ai voulu reprendre mon père, lui annoncer que "se parterrer" ou "quart moins d'onze heures" n'existaient pas. Il est entré dans une violente colère. Une autre fois : "Comment voulez-vous que je ne me fasse pas reprendre, si vous parlez mal tout le temps !" Je pleurais. Il était malheureux. Tout ce qui touche au langage est dans mon souvenir motif de rancoeur et de chicanes douloureuses, bien plus que l'argent."
Prix Renaudot. -
"Depuis des années, je tourne autour de cet événement de ma vie. Lire dans un roman le récit d'un avortement me plonge dans un saisissement sans images ni pensées, comme si les mots se changeaient instantanément en sensation violente. De la même façon entendre par hasard La javanaise, J'ai la mémoire qui flanche, n'importe quelle chanson qui m'a accompagnée durant cette période, me bouleverse."
Annie Ernaux -
"J'ai voulu l'oublier cette fille. L'oublier vraiment, c'est-à-dire ne plus avoir envie d'écrire sur elle. Ne plus penser que je dois écrire sur elle, son désir, sa folie, son idiotie et son orgueil, sa faim et son sang tari. Je n'y suis jamais parvenue."
Dans Mémoire de fille, Annie Ernaux replonge dans l'été 1958, celui de sa première nuit avec un homme, à la colonie de S dans l'Orne. Nuit dont l'onde de choc s'est propagée violemment dans son corps et sur son existence durant deux années.
D'une voix grave et sensible, Dominique Reymond nous emmène dans un incessant va-et-vient entre passé et présent et dresse le portrait d'une jeune femme en devenir.
Un bouleversant voyage dans les tréfonds de la mémoire. -
"À partir du mois de septembre l'année dernière, je n'ai plus rien fait d'autre qu'attendre un homme : qu'il me téléphone et qu'il vienne chez moi."
Annie Ernaux.
Juliette Binoche interprète avec sensibilité cette oeuvre essentielle d'Annie Ernaux, prix Nobel de littérature 2022. -
Elle a trente ans, elle est professeur, mariée à un "cadre", mère de deux enfants. Elle habite un appartement agréable. Pourtant, c'est une femme gelée. C'est-à-dire que, comme des milliers d'autres femmes, elle a senti l'élan, la curiosité, toute une force heureuse présente en elle se figer au fil des jours entre les courses, le dîner à préparer, le bain des enfants, son travail d'enseignante. Tout ce que l'on dit être la condition "normale" d'une femme.
-
Annie Ernaux s'efforce ici de retrouver les différents visages et la vie de sa mère, morte le 7 avril 1986, au terme d'une maladie qui avait détruit sa mémoire et son intégrité intellectuelle et physique. Elle, si active, si ouverte au monde. Quête de l'existence d'une femme, ouvrière, puis commerçante anxieuse de "tenir son rang" et d'apprendre. Mise au jour, aussi, de l'évolution et de l'ambivalence des sentiments d'une fille pour sa mère : amour, haine, tendresse, culpabilité, et, pour finir, attachement viscéral à la vieille femme diminuée.
"Je n'entendrai plus sa voix... J'ai perdu le dernier lien avec le monde dont je suis issue." -
"J'ai toujours eu envie d'écrire des livres dont il me soit ensuite impossible de parler, qui rendent le regard d'autrui insoutenable. Mais quelle honte pourrait m'apporter l'écriture d'un livre qui soit à la hauteur de ce que j'ai éprouvé dans ma douzième année."
Annie Ernaux. -
"Ça suffit d'être une vicieuse, une cachottière, une fille poisseuse et lourde vis-à-vis des copines de classe, légères, libres, pures de leur existence... Fallait encore que je me mette à mépriser mes parents. Tous les péchés, tous les vices. Personne ne pense mal de son père ou de sa mère. Il n'y a que moi." Annie Ernaux
Un roman âpre, pulpeux, celui d'une déchirure sociale, par l'autrice de La place.
Rebecca Marder interprète avec sensibilité ce premier roman d'Annie Ernaux où sont déjà présents tous les thèmes qu'elle développera par la suite. -
Regarde les lumières mon amour
Annie Ernaux
- Gallimard Audio
- Écoutez lire
- 22 Février 2021
- 9782072942068
Pendant un an, Annie Ernaux a tenu le journal de ses visites à l'hypermarché Auchan du centre commercial des Trois-Fontaines situé en région parisienne. "Voir pour écrire, c'est voir autrement", écrit-elle. On redécouvre en effet à ses côtés le monde de la grande surface. Loin de se résumer à la corvée des courses, celle-ci prend dans ce livre un autre visage : elle devient un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Avec ce relevé libre de sensations et d'observations, l'hypermarché, espace familier où tout le monde ou presque se côtoie, atteint la dignité de sujet littéraire.
-
En quelques pages, à la première personne, Annie Ernaux raconte une relation vécue avec un homme de trente ans de moins qu'elle. Une expérience qui la fit redevenir, l'espace de plusieurs mois, la "fille scandaleuse" de sa jeunesse. Un voyage dans le temps qui lui permit de franchir une étape décisive dans son écriture.
La lecture sensible de Françoise Gillard de la Comédie-Française met en valeur ce texte clé de l'oeuvre d'Annie Ernaux qui éclaire son rapport au temps et à l'écriture. -
Tous les livres que j'ai écrits ont été précédés d'une phase, souvent très longue, de réflexion et d'interrogations, d'incertitudes et de directions abandonnées. À partir de 1982, j'ai pris l'habitude de noter ce travail d'exploration sur des feuilles, avec des dates, et j'ai continué de le faire jusqu'à présent. C'est un journal de peine, de perpétuelle irrésolution entre des projets, entre des désirs. Une sorte d'atelier sans lumière et sans issue, dans lequel je tourne en rond, à la recherche des outils, et des seuls, qui conviennent au livre que j'entrevois, au loin, dans la clarté. Il y a quelque chose de dangereux, voire d'impudique, à dévoiler ainsi les traces d'un corps à corps avec l'écriture. Mais, en publiant ces pages, j'ai voulu porter témoignage de celle-ci, telle qu'elle se vit au jour le jour, dans la solitude.
-
« Est-ce que, moi, la petite fille de l'epicerie de la rue
du Clos-des-Parts a Yvetot, immergee enfant et adolescente dans une langue parlee populaire, un monde populaire,je vais ecrire, prendre mes modeles, dans la langue litteraire acquise, apprise, la langue que j'enseigne puisque je suis devenue professeur de lettres ? Est-ce que, sans me poser de questions, je vais ecrire dans la langue litteraire
ou je suis entree par effraction, la langue de l'ennemi comme disait Jean Genet, entendez l'ennemi de ma classe sociale ? Comment puis-je ecrire, moi, en quelque sorte immigree de l'interieur ? Depuis le debut, j'ai ete prise dans une tension, un dechirement meme, entre la langue litteraire, celle que j'ai etudiee, aimee, et la langue d'origine, la langue de la maison, de mes parents, la langue
des domines, celle dont j'aurai honte plus tard, mais
qui restera toujours en moi-meme. Tout au fond,
la question est : comment, en ecrivant, ne pas trahir
le monde dont je suis issue ? »
Annie Ernaux
Pour cette nouvelle edition augmentee de Retour a Yvetot, Annie Ernaux a souhaite ecrire une preface et completer le cahier hors- texte avec plusieurs documents inedits de sa vie a Yvetot : redaction ecrite en classe de sixieme, livret scolaire, photos de jeunesse, lettres a son amie Marie-Claude, extraits de son Journal lors de l'ecriture et de l'envoi de son premier roman aux editions du Seuil, en 1963. -
Tracts de Crise (N°29) - Monsieur le Président
Annie Ernaux
- Gallimard
- Tracts/Gallimard
- 2 Avril 2020
- 9782072909955
« Prenez garde, Monsieur le Président, aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du cours des choses. C'est un temps propice à la réflexion, aux interrogations, un temps pour imaginer un nouveau monde. Pas celui que vous n'aviez de cesse de vanter et dont on peut redouter, à certains signes, la reprise sans délai. » Annie Ernaux
-
Ça peut pas faire de mal (Tome 5) - Les femmes écrivains : Marguerite Duras, Simone de Beauvoir, Marguerite Yourcenar, Annie Ernaux lues et commentées par Guillaume Gallienne
Guillaume Gallienne, Marguerite Duras, Simone de Beauvoir, Marguerite Yourcenar, Annie Ernaux
- Gallimard Audio
- Écoutez lire
- 2 Août 2019
- 9782072842689
« C'est un drôle de truc, l'écriture. » Marguerite Duras.
« Être femme, c'est le résultat d'une histoire. » Simone de Beauvoir.
« Il est des livres qu'on ne doit pas oser avant d'avoir dépassé quarante ans. On risque avant cet âge de méconnaître l'existence des grandes frontières naturelles qui séparent l'infinie variété des êtres. » Marguerite Yourcenar.
« Il n'y a pas de vraie mémoire de soi. » Annie Ernaux.
Retrouvez dans ce recueil des extraits de : les Mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir, Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras, les Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar et La Honte d'Annie Ernaux.